L’amitié peut parfois être une vraie passion.
Johan et Raphaël, deux jeunes acrobates aussi singuliers que talentueux, parlent avec franchise et humour du lien fraternel qui les unit et le font vivre dans un duo acrobatique inattendu.
“Quand j’ai imaginé ce spectacle sur la folle amitié entre ces deux jeunes acrobates, j’ai tout de suite rêvé d’un dispositif assez léger pour s’adapter à des lieux très différents : en extérieur, en intérieur, dans une salle de théâtre, un parking… un dispositif immersif, grâce auquel le spectateur entre immédiatement dans l’intimité de cette relation. Ne pas avoir de décor établi mais se servir de tout environnement pour décor, inventer une adaptation spécifique et presque totale à chaque lieu.”
Un élément cependant doit demeurer, d’un lieu à l’autre, toujours identique, c’est le “texte” du spectacle, à savoir une bande-sonore où l’on entend principalement la voix des deux artistes qui parlent de leur amitié, mais aussi d’autres témoignages qui élargissent et universalisent le propos. Qu’en est-il aujourd’hui de l’amitié dans un monde de plus en plus inamical et inhospitalier ?
A ce “texte” sonore, documentaire et poétique, s’associe l’indicible de l’amitié, ce lien silencieux qu’on ne peut que voir et sentir : le duo acrobatique des deux artistes. La différence de style associée à la complicité physique extraordinaire des deux artistes est saisissante. Comment ces deux mondes acrobatiques peuvent-ils si bien s’accorder ? Chacun dans sa singularité réagit et dialogue avec les propositions de l’autre.
Ce type paradoxal d’affinités électives dans le langage acrobatique est au coeur de ce projet circassien. Pouvoir faire sentir que des mouvements physiques si différents s’accordent pourtant parfaitement, est l’une des expériences essentielles que le public peut faire et qu’on pourrait nommer “l’amitié des corps”.
La prise de risque de chacun à chaque instant s’appuie sur la vigilance de l’autre. Cette solidarité physique et mentale est au centre de ce duo acrobatique, comme pour lancer au public cette devise latine que rappelle Brassens dans sa chanson Les Copains d’abord : “Fluctuat nec mergitur”, “Il est battu par les flots mais ne sombre pas.”