Ce spectacle s’empare de la thématique du désœuvrement et met à distance les codes admis de la retenue et des bonnes manières, car dans le monde que l’on donne à voir, elles n’existent pas. Il va falloir regarder non pas avec les yeux de l’observateur portés sur des marginaux mais avec les yeux des marginaux directement et y trouver le rire et un remue-ménage revivifiant. 

Dans ce spectacle il y a 70 massues pour jongler mais aussi pour danser, il y a un caddie de supermarché pour transporter des clowns, il y a aussi une poubelle conteneur bleue de 770 Litres, pas pour y faire disparaître des sacs poubelles, mais pour en sortir des cascades.

Dans un premier temps, un personnage grimé en clown déguenillé amène son univers paradoxal. La proclamation du dénuement ne serait-elle pas l’amorce nécessaire à la création ? C’est en tout cas le point de départ d’une chorégraphie dansée et d’un court échange avec le public avant d’aller chercher tour à tour les trois autres compères. Sans présentation préalable, un dialogue à quatre s’engage alors dans une ambiance rocambolesque. Tout du moins en apparence, car en réalité tout est coordonné, entre les mouvements simultanés de danse hip hop, les jeux des clowns et surtout les cascades. 

Dans un deuxième temps, la danse mise en scène laisse place au jonglage avec des massues puis à l’entrelacement des deux disciplines pour créer une forme artistique autour du rythme, de l’agilité et de l’harmonie. Ce moment captivant et poétique est un trait d’union avec la dernière partie dans laquelle se redéploie la dérision dans un environnement de nouveau burlesque et acrobatique.